Une Histoire du café Bourbon Pointu

Bourbon Pointu

Ce café, désigné sous le nom scientifique Coffea arabica var. Laurina, est obtenu à partir d’une variété du caféier d’Arabie (Coffea arabica) issu d’une mutation spontanée appelée mutation laurina.

Couramment appelée Bourbon Pointu, cette variété de café se caractérise par un nanisme, une forme pyramidale, de courtes feuilles d’un vert sombre et une forme pointue de ses graines. À un niveau moléculaire, la teneur des grains en caféine est fortement réduite (de 0,6 à 0,8%).

Au XVIIIème siècle, l’origine du café Leroy est considérée comme africaine et plusieurs auteurs attribuent son introduction à un voyageur allemand qui l’aurait rapporté des côtes de l’Afrique de l’est en 1770.

Caféier Bourbon Pointu en fleur – Caféière de Maison Rouge
Saint-Louis © S.T.


Une bonne adaptation

Au début du XIXème siècle, à partir des années 1810, sa culture se répand dans les différents quartiers de l’île et il est également planté en altitude, on le trouve à Salazie vers 1830. D’abord reconnu à Sainte-Marie, il est rapidement adopté par de nombreux agriculteurs qui doivent replanter une grande partie des caféières détruites par les cyclones de 1806 et les sècheresses destructrices de 1807.

Si son origine géographique a toujours été controversée, son appellation quant à elle est unanime. Son nom lui vient d’un régisseur employé sur la propriété d’Auguste Pajot à Sainte-Marie, un certain Leroy, et qui le premier remarqua la différence physique par rapport au Coffea arabica importé d’Arabie (café Moka). Les observations attentives de Pajot mettent en évidence les qualités de ce caféier : les grains sont jugés excellents, il peut être planté dans les hauts et ne souffre pas de l’altitude, mais il fleurit deux fois, ses grains sont de petite taille, nécessitant une forte mains d’œuvre au moment des récoltes.

Coffea Arabica, var. Laurina, « Boubon Pointu » – Caféière de Maison Rouge

Saint-Louis © S.T.


Une culture abandonnée

La culture du café sera effective à La Réunion jusque dans les années 1940 même si son déclin est entamé depuis 1850. Après la seconde guerre mondiale, pour faire face aux besoins alimentaires, les caféiers sont arrachés pour permettre la mise en place de cultures vivrières. Le café Laurina va progressivement être oublié, en partie à cause de ses particularités (grains petits et deux fructifications annuelles, nécessitant donc une abondante main d’œuvre). Il n’en restait au début des années 2000 que quelques spécimens égarés dans les jardins créoles.

En 2002, la Région Réunion décide de lancer une phase expérimentale avec l’aide technique du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), qui a permis de restituer l’identité agraire d’origine de cette ancienne habitation. La caféière de Maison Rouge a été replantée sous futaie (Bois- Noirs) à cette époque, afin de redonner au domaine l’image de son cadre agricole et sa vocation originelle.

Plantations de Bourbon Pointu – Caféière de Maison Rouge
Saint-Louis © S.T.