1er OCTOBRE 2020
India, dont nous n’avions plus de nouvelle, émet à nouveau !
Et elle a, durant la période sans information Argos, eu le même comportement que la tortue caouanne Tina.
Elle a quitté les eaux chaudes et peu profondes du détroit d’Ormuz, pour partir plus au Sud et vers des eaux plus profondes.
En effet comme nous l’avons déjà dit, les tortues caouannes ne sont pas réputées pour apprécier les eaux chaudes. Or les eaux de surface du détroit d’Ormuz sont à 30°C en ce moment !
07 SEPTEMBRE 2020
Tina (tracé rouge) et India (tracé bleu) les deux jeunes tortues caouannes soignées au Centre de soins de Kélonia et suivies par balise Argos continuent à donner des informations sur leur migration.
Relâchées à 9 mois d’intervalle, et après avoir parcouru chacune plus de 7000 kilomètres depuis La Réunion, nos deux tortues se retrouvent dans la même zone au Nord de l’océan Indien prés du détroit d’Ormuz.
Ces deux tortues étaient proches de leur maturité sexuelle quand elles ont été relâchées. Il est très probable qu’elles se soient rapprochées de leur plage de naissance, où elles iront se reproduire à leur tour.
En fonction de la durée de vie des balises, l’une d’elles pourra peut-être nous conduire jusqu’à cette plage ?
24 JUILLET 2020
Après 5 mois de voyage la jeune tortue caouanne India semble vouloir se sédentariser sur le plateau continental du Pakistan. C’est la première des tortues caouannes soignées au Centre de soins de Kélonia et suivies par Balise Argos par Kélonia et ses partenaires qui choisit cette destination. Les autres caouannes ayant, jusqu’à présent, préféré les côtes de la péninsule arabique ou la mer d’Arabie.
Est-ce que le nom de baptême de India l’aurait influencé pour choisir les côtes du sous continent indien plutôt que celles de la péninsule arabique ?
09 JUILLET 2020
India est la première tortue caouanne suivie par Kélonia a rejoindre les côtes du Pakistan. Après 177 jours de migration qui lui aura fait traverser tout l’océan Indien depuis La Réunion vers le Nord, India a atteint le plateau continental Pakistanais. Alors que jusqu’à présent India avait un comportement alimentaire pélagique (c’est à dire qu’elle se nourrissait en pleine eau), elle pourrait changer de comportement et aller se nourrir sur les fonds marins qui lui sont maintenant accessibles. Les caouannes peuvent plonger à plus de 250m de profondeur.
Dans l’hémisphère nord c’est l’été, et les températures de surface sont actuellement élevées : entre 32 et 34°C. Ce sont des températures normalement peu appréciées par les tortues caouannes qui sont des tortues plus « tempérées » que les tortues vertes et les tortues imbriquées.
Deux tortues caouannes suivies par Kélonia se trouvent dans cette zone : India sur les côtes du Pakistan et Tina qui est dans le détroit d’Ormuz depuis plusieurs mois. Il est possible que la population de caouanne du Nord de l’océan Indien, et qui n’a pas la possibilité de trouver des eaux plus fraiches en se déplaçant vers le Nord, se soit adaptée à ces conditions locales, très différentes de celles que rencontre la population de tortue caouanne du Sud de l’océan Indien et des autres océans du globe. Ces deux populations de l’océan Indien dont les plages de ponte se trouvent de part et d’autre de l’équateur (Oman pour la population du Nord et Afrique du Sud/Mozambique pour la population du Sud) sont d’ailleurs génétiquement différenciées.
Des observations similaires concernent la population de baleines à bosse du Nord de l’océan Indien, qui restent dans le Nord de l’océan Indien où les températures restent toute l’année bien plus élevées que dans le Sud.
Ces caouannes et baleines à bosse du Nord de l’océan Indien sont deux populations en réduction importante depuis ces dernières décennies. Un rapport avec le réchauffement climatique ?
22 JUIN 2020
Sur les 3 tortues caouannes qui étaient suivies en début de mois, seules la balise d’India et de Tina émettent toujours. Celle de Tom s’est arrêtée le 03 juin avant que Tom n’atteigne les côtes de la Péninsule arabique.
On pense à un problème de batterie, car avant de cesser d’émettre complètement, la balise avait déjà montrée quelques jours sans émission.
India semble vouloir joindre la tortue Tina qui continue à émettre dans le détroit d’Ormuz, où elle a étendu son territoire entre l’île d’Ormuz et celle de Larak. Tina émet depuis 13 mois maintenant !
30 MAI 2020
Qu’est ce qui a poussé Tom la tortue caouanne à bifurquer vers l’Ouest depuis quelques jours. Relâchée à Kélonia il y a 139 jours, Tom et India (relâchée un mois plus tôt) suivait une migration vers le Nord. Est-ce en raison de la gyre qui s’est formée au large des côtes de Somalie ? Mais Tom navigue à contre courant, alors que les tortues sont plutôt habituées à profiter des courants lors de leur migration.
Ce n’est pas lié aux températures de surface qui sont homogènes dans cette zone. Mais Tom plonge pour se reposer et se nourrir parfois jusqu’à – 250 m, il a peut-être noté des variations de température en profondeur qui lui indiquerait la proximité d’une zone de remontée d’eaux profondes, le long de la côte de Somalie.
Ces remontées d’eau (upwelling en anglais) sont des phénomènes océanographiques provoqués par les vents marins (généralement des vents saisonniers) qui poussent l’eau de surface des océans, et laisse un vide à proximité des côtes. Vide compensé par les eaux profondes qui amènent avec elles une quantité importante de nutriments.
Cela entraine un abaissement de la température de l’eau et un fort développement de phytoplancton, et donc plus de nourriture. Tout ce que recherche les caouannes qui n’aiment pas les eaux trop chaudes.
Tom comme India sont équipées de balise avec capteurs de profondeur et de température. L’analyse des données transmises par ces balises pourront confirmer cette hypothèse. ou l’infirmer. Car il en est ainsi de la science, les hypothèses de départ ne sont pas toujours confirmées.
6 MAI 2020
Tom, dont nous n’avions plus de nouvelle depuis plus d’une semaine, « émet » à nouveau !
Il arrive que les balises cessent d’émettre quelques temps avant de transmettre à nouveau les données aux satellites. L’antenne de la balise était peut-être recouverte par un sac plastique ou autre, ce qui aurait bloqué la transmission des données Argos.
Tom a parcouru 3 500 km en 2 mois et demi de suivi (encore bien peu si l’on compare à Tina qui émet depuis 11 mois et qui a parcouru 2 fois plus de km !)
Tom est donc toujours dans la course avec India, pour savoir laquelle de nos deux jeunes tortues caouannes ( Caretta caretta) rejoindra la première les côtes de la péninsule arabique.
22 AVRIL 2020
Les deux tortues caouannes Tom et India continuent leur migration vers le Nord de l’océan Indien. Leurs trajets de ces derniers jours (ronds rouge sur les cartes) nous montrent l’influence des courants marins sur leurs déplacements.
Après avoir passé le plateau des Seychelles, India (en rose sur la carte de gauche) poursuit sa route dans une zone calme (en bleu sur la carte de droite) sans difficulté. Tom (en bleu sur la carte de droite) a moins de chance et croise des courants forts (en orange sur la carte de droite) qui dévient sa trajectoire vers l’Est.
Le croisement des trajectoires des tortues avec les données océanologiques, permettent de comprendre les Zigzags de certaines tortues au cours de leur migration océanique. Nous en avons un bel exemple avec le trajet de Brice (en orange sur la carte de gauche) pris dans de violents courants au passage de l’équateur. Mais qui a ensuite repris sa route vers le Nord. Alors que Samson qui est passé au même endroit à quelques mois d’intervalle, a traversé cette zone sans pratiquement dévié du cap qu’il suivait.
15 AVRIL 2020
Relâchées par le Centre soins de Kélonia à une semaine d’intervalle en février 2020, les deux jeunes tortues caouannes Tom et India suivent la même direction vers le Nord de l’océan Indien.
Elles ont dépassé toutes les deux le plateau des Seychelles et semblent avoir engagé une course pour rejoindre les côtes de la péninsule Arabique.
Laquelle des deux arrivera la première ? les paris sont lancés !
Elles avaient toutes les deux croisé le dernier cyclone de la saison au Nord Est de Madagascar, ce qui les avait fait perdre leur cap durant quelques jours. Mais depuis elles ont repris leur route.
Et elles alimentent les modèles météorologiques de prévision des cyclones avec les données de température de l’océan que leurs balises enregistrent régulièrement et transmettent ensuite par satellite à chaque fois que les tortues font surface pour respirer ou se chauffer au soleil.
C’est en effet le LACY (Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclones) de l’Université de La Réunion qui a financé les balises dans le cadre du programme RENOVRISK.
Kélonia récupère les données biologiques sur les tortues. Et le LACY récupère les données océanologiques.
Un programme gagnant/gagnant !
14 MARS 2020
Une vingtaine de jours après avoir quitter Kélonia, Tom et India vont se croiser sur la route de la dépression Herold au Nord-Est de Madagascar. Grâce aux capteurs sur leurs balises, elles vont récolter des données très interessantes sur les températures de l’océan en fonction de la profondeur sous le météore. C’est exactement ce qu’espéraient les partenaires du programme scientifique STORM (LACY/Kelonia/CEDTM)
Le double objectif est atteint :
– mieux comprendre la formation et les déplacement des cyclones
– connaitre le comportement des tortues marines lorsqu’elles croisent un météore au cours de leur migration océanique
FEVRIER 2020
La tortue caouanne Tom a été relâchée le 20/02/2020 suivi de quelques jours par India relâchée le 26/02/2020. Ces deux tortues caouannes vont faire un petit bout de chemin ensemble.
Après sa remise en liberté en présence de ses parrains et marraines de la classe de CE1 de l’école Victor Hugo de La Possession, Tom s’est offert une petite semaine de détente dans les eaux réunionnaises, jusqu’au 27/02/2020 date à laquelle il a commencé sa migration. Il est équipée d’une balise avec capteurs de pression et de température. Les données recueillies, en plus de compléter les connaissances sur les déplacements océaniques et le comportement de plongée de la tortue, iront alimenter les modèles océanographiques du LACY (Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclone de l’Université de La Réunion) qui prédisent la formation et les déplacements des cyclones. C’est un bel exemple de partenariat scientifique pluridisciplinaire.
Les tortues caouannes ont été choisies pour ce programme car durant leur migration elles passent à proximité de La Réunion puis remontent vers le Nord (comme c’est le cas de Tina) et traversent la zone de genèse des cyclones.
28 OCTOBRE 2020
8 mois aprés avoir quitté le Centre de sois de Kelonia, India (tracé Bleu) continue de nous faire voyager. Elle a traversé l’océan Indien du Sud au Nord, longé les côtes du Pakistan puis celles de l’Iran, séjourné dans le détroit d’Ormuz, disparu des radars quelques semaines, puis ré-apparue sur les côtes de Oman, avant de traverser pour retourné sur le plateau continental au niveau du Pakistan.
Avec Tina (tracé Rouge) qui est suivie depuis 17 mois est dans la même zone. Après quelques ronds dans l’eau au Sud de Oman, elle a aussi rejoint les côtes de l’Iran pour se stabiliser entre Ormuz et le Nord de Oman et semble avoir choisi ses habitats d’alimentation.
Ces suivis longs (plus de 6 mois) sur des tortues caouannes de ce stage (sub-adulte) sont importants pour comprendre l’évolution des comportements liée à l’âge et à la maturité sexuelle.